LE CAMEROUN EN PERSPECTIVE
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Lorsqu’il est apparu au début des années 2000 que les dettes contractées par les pays africains soumis aux plans d’ajustement structurel étaient devenues insoutenables, des mécanismes d’allègement ont été élaborés dans le cadre de la conditionnalité de l’aide économique : on
aiderait les pays pauvres à la condition qu’ils réalisent des réformes de structure, et s’engagent à se soumettre à l’impératif de la bonne gouvernance, en acceptant d’adhérer à une évaluation régulière de leurs performances.
Il manquait cependant, à l’échelle de l’Afrique, un dispositif d’évaluation au long cours, reposant sur le regard des tiers. C’est ainsi qu’en 2003, le Nouveau
Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) a mis en place le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP), un mécanisme de suivi de la performance en matière de gouvernance pour les États membres.
Le MAEP est un mécanisme d’autosurveillance et les pays signent volontairement pour l’adhésion. À ce jour, trente-cinq des cinquante-trois États membres de l’Union africaine (66 %) ont volontairement adhéré au mécanisme. Sur ces 66 %, dix-sept pays qui ont terminé leur auto-évaluation ont été évalués par des pairs par le Forum des chefs d’État et de gouvernement. Cela ne représente que 49 % des États membres du MAEP et 23 % des États membres de l’UA.
Description
Lorsqu’il est apparu au début des années 2000 que les dettes contractées par les pays africains soumis aux plans d’ajustement structurel étaient devenues insoutenables, des mécanismes d’allègement ont été élaborés dans le cadre de la conditionnalité de l’aide économique : on
aiderait les pays pauvres à la condition qu’ils réalisent des réformes de structure, et s’engagent à se soumettre à l’impératif de la bonne gouvernance, en acceptant d’adhérer à une évaluation régulière de leurs performances.
Il manquait cependant, à l’échelle de l’Afrique, un dispositif d’évaluation au long cours, reposant sur le regard des tiers. C’est ainsi qu’en 2003, le Nouveau
Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) a mis en place le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP), un mécanisme de suivi de la performance en matière de gouvernance pour les États membres.
Le MAEP est un mécanisme d’autosurveillance et les pays signent volontairement pour l’adhésion. À ce jour, trente-cinq des cinquante-trois États membres de l’Union africaine (66 %) ont volontairement adhéré au mécanisme. Sur ces 66 %, dix-sept pays qui ont terminé leur auto-évaluation ont été évalués par des pairs par le Forum des chefs d’État et de gouvernement. Cela ne représente que 49 % des États membres du MAEP et 23 % des États membres de l’UA.
Aucun pays de la CEMAC, Cameroun, République Centrafricaine, République du Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad, n’a terminé son auto-évaluation, ce qui doit nous faire réfléchir. Il s’agissait tout naturellement d’un défi pour le Cameroun, où on n’avait jamais mis en place de dispositif systématique d’évaluation des politiques publiques, et où, année après année, l’impotence de l’État apparaissait comme la conséquence d’une crise de la gestion publique et plus généralement, une panne de la gouvernance. Les pays africains d’un potentiel au moins équivalent à celui du Cameroun ont satisfait à leur obligation redditionnelle dans le cadre de leur adhésion au MAEP. Mais le faible nombre de pays qui se sont soumis à l’évaluation n’est pas, pour le Cameroun, une excuse à s’y soustraire. Ce n’est pas en effet parce que les autres pays ne l’ont pas fait que nous ne devons pas le faire nous-mêmes. La situation interpelle d’autant plus que le Cameroun a vu certains de ses ressortissants présider le MAEP et faire régulièrement partie du panel d’éminentes personnalités de cette institution panafricaine. Des Camerounais ont participé aux missions d’évaluation d’autres pays ; ils en
ont même dirigé certaines. Ce n’est que justice que le Cameroun dispose à son tour d’un rapport faisant son diagnostic d’ensemble.
L’absence d’évaluation en contexte présentait pour le pays, au seuil d’un siècle de transformations économiques et technologiques majeures, des risques importants. D’abord un risque de marginalisation au sein du concert de la communauté internationale. Car s’évaluer est une façon de démontrer les efforts accomplis pour se conformer aux obligations auxquelles le pays a librement consenti dans le cadre de la coopération internationale, révélant ainsi que l’État est sans cesse préoccupé à se hisser au niveau des meilleurs standards. Mais en ne s’évaluant pas, le Cameroun prenait le risque de continuer d’être noté de manière toujours défavorable par les partenaires techniques et financiers. C’est en effet d’autant plus préoccupant que l’aide internationale tient compte des évaluations pour attribuer des financements. D’ailleurs, et nonobstant un lien avec l’absence d’évaluation du pays, on peut continuer de déplorer une diminution très importante des investissements directs étrangers, et une raréfaction des concours internationaux, au moins concessionnels.
Sur le plan du pilotage des politiques publiques, les gouvernants se privaient enfin, d’outils précieux, permettant tout à la fois d’analyser l’existant, c’est-à-dire restituer la réalité socioéconomique qui est le terrain de l’action publique, et de moderniser l’action étatique pour l’adapter aux nouvelles situations révélées par les examens périodiques.
Il m’est apparu qu’aucune transformation d’envergure n’était possible, sans qu’au préalable le Cameroun ne soit évalué sur la base des prérequis du Mécanisme Africain d’Évaluation par les Pairs. Il était devenu évident que la panne de la gouvernance observée depuis plus de trente ans était liée à l’absence d’un diagnostic en profondeur du pays, dans tous les secteurs de l’action administrative, sociale et économique.
Au cours des derniers mois, j’ai donc chargé un groupe d’experts de conduire une évaluation du Cameroun en utilisant les principes et la méthodologie du processus du MAEP. L’objectif est de favoriser l’adoption de politiques, valeurs, normes et pratiques de gouvernance politique et économique conduisant à la stabilité politique, l’intégration économique sous- régionale et continentale accélérée, croissance économique, le développement durable. Ces Experts, parmi les meilleurs spécialistes des politiques publiques et de l’action économique, se sont penchés sur le pays, en se conformant à une méthodologie éprouvée, en mobilisant des matériaux et de sources de première main, souvent rares. Le présent document restitue donc l’évaluation, comme je m’y étais publiquement engagé. Je veux saluer la disponibilité de ces éminents chercheurs, jeunes et moins jeunes, de divers horizons et aux qualifications de haut niveau dans des domaines variés allant du droit à l’économie en passant par la science politique, l’histoire, la littérature comparée, les télécommunications. Ils n’ont pas collaboré en vertu d’un mandat dans le cadre du MAEP, mais ils en ont scrupuleusement observé la méthodologie.
Le diagnostic effectué interpelle. Mais les Experts ne se sont pas contentés de critiquer. Ils ont souligné les forces. Tenté de comprendre les faiblesses. Relevé les nombreux défis, et systématiquement formulé des recommandations. Il s’agit d’un travail scientifique, et désormais une ressource pour les décideurs politiques. Nous pouvons être fiers que l’évaluation du Cameroun soit maintenant faite.
Candidat à la magistrature suprême du Cameroun, je me pose tous les jours une question que vous vous posez aussi : qu’est-ce que le Cameroun, notre pays peut faire pour vous, avant de me demander ce que vous pouvez faire pour votre pays ? J’ai fait le choix, alors que je me présente à la magistrature suprême du Cameroun, d’être pragmatique et de ne jamais oublier l’aspiration fondamentale des Camerounais à une vie meilleure et à un avenir radieux pour nos enfants. Cette évaluation me conforte dans l’intuition que j’ai toujours eue, qu’un avenir meilleur est possible pour notre pays.
Akéré TABENG MUNA
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